Nouveaux accords de l’OMC : quel intérêt pour l’Afrique ?

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Les membres de l’OMC se sont accordés vendredi sur un paquet de mesures, dont certaines très importantes pour le continent.

Après cinq jours de discussion, les 164 États membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sont parvenus à une série d’accords. Les décisions se rapportent à des sujets tels que les brevets sur les vaccins anti-Covid-19, les subventions à la pêche et l’insécurité alimentaire.

Les membres de l’OMC sont parvenus à s’accorder vendredi sur un paquet de mesures cruciales. Il s’agit d’un résultat « sans précédent » arraché après d’intenses négociations, selon la directrice de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala.

Parmi les sujets ayant fait l’objet des négociations, certains sont d’une importance capitale pour le continent africain. Ceux-ci incluent notamment la question des brevets sur les vaccins contre la Covid-19, la lutte contre l’insécurité alimentaire et la suppression des subventions à la pêche.

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Lutte contre l’insécurité alimentaire

Il s’agissait de l’un des textes les plus attendus à l’issue des négociations. Le document adopté souligne l’importance « de ne pas imposer de prohibitions ou de restrictions à l’exportation » qui soient contraires aux règles de l’OMC. Il appelle à ce que les mesures d’urgence, telles qu’un gel des exportations, soient « temporaires, ciblées et transparentes ». Un second texte vise à protéger les achats de nourriture du Programme alimentaire mondial d’éventuelles restrictions par certains pays.

Cet accord intervient dans un contexte marqué par le conflit russo-ukrainien, qui prive le monde de céréales et fait flamber les prix. Cette hausse se fait principalement ressentir dans les pays africains, qui importent plus de la moitié de leur consommation de céréales.

Les pays africains ont importé de Russie, des produits agricoles d’une valeur de 4 milliards $, en 2020. Le blé représentait près de 90 % de ces denrées, contre 6 % d’huile de tournesol. Près de la moitié des importations ont été effectuées par l’Egypte, suivie du Soudan, du Nigéria, de la Tanzanie, de l’Algérie, du Kenya et de l’Afrique du Sud.

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Levée de brevets sur les vaccins

Cet accord représente également l’un des plus importants de la rencontre entre les Etats de l’OMC. Il permettra de lever temporairement les brevets sur les vaccins, afin de faciliter le commerce des produits médicaux essentiels à la lutte contre les pandémies.

En conséquence, les brevets protégeant les vaccins anti-Covid seront temporairement levés, pour favoriser une plus grande production. Le texte a fait l’objet de débats houleux entre le lobby pharmaceutique, les pays en voie de développement et les organisations non gouvernementales.

Cette annonce intervient alors que le continent lutte pour accroître ses capacités de production. Le Sénégal devrait bientôt accueillir le premier site de production de vaccins à haut volume en Afrique. Une fois opérationnelle, l’usine pourra produire jusqu’à 300 millions de doses de vaccin par an pour le continent. Elle servira également de site de formation pour la production de vaccins de nouvelle génération.

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Suppression des subventions à la pêche

L’OMC entend interdire certaines formes de subventions à la pêche, afin de décourager la surexploitation des ressources halieutiques. L’institution veut également mettre en place un fonds destinés aux pêcheurs, pour leur apporter une assistance technique et renforcer leurs capacités. L’objectif est de parvenir à une mise en œuvre optimale de l’accord et de s’orienter vers une pêche plus durable.

Selon un rapport récent de la Commission sous-régionale des pêches (CRSP), la pêche illégale cause des pertes allant à 2,17 milliards $ en Afrique de l’Ouest. Il faut préciser que l’étude n’a été menée que dans sept pays de la région. Cela ne correspond qu’à une fraction des pertes enregistrées chaque année à l’échelle continentale.

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