Afrique: la dette de toutes les peurs

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L'agence de notation Fitch alerte sur les risques liés au poids de la dette en Afrique subsaharienne

Selon l’agence de notation Fitch, le poids de la dette progresse en Afrique subsaharienne à une vitesse supérieure à celle enregistrée dans les autres pays émergents. D’après les projections, en 2020 le ratio dettes/PIB passera à 70% en moyenne pour les 19 pays africains dont l’agence suit la dette souveraine, contre 57% fin 2019.

Cette progression s’explique notamment par la conjonction de la crise du coronavirus et de la chute des cours du pétrole. Néanmoins, l’agence explique que ces facteurs viennent juste amplifier un état de détérioration de la dette qui prévalait depuis une dizaine d’années. Ainsi, déjà en 2016, des pays comme la république du Congo ou le Mozambique avaient fait défaut à leur dette. Le continent est confronté depuis 2014 à un recul de son taux de croissance qui reflète à la fois la chute du prix des matières premières et des retours sur investissements assez médiocres. En outre, depuis 2017, le taux d’intérêt médian de la dette africaine a progressé, traduisant un désintérêt relatif pour les prêts concessionnels et un attrait plus marqué pour les eurobonds. 

Alors que la situation actuelle est liée à un accroissement des déficits primaires des Etats africains, Fitch s’attend à voir d’autres pays africains faire défaut à leurs dettes. L’agence a déjà dégradé la notation souveraine de 7 pays d’Afrique subsaharienne depuis mars 2020. Et de l’avis des analystes, en l’absence de mesures vigoureuses de consolidation fiscale, la dette africaine continuera à progresser. 

Quid des mécanismes de soutien aux pays africains face à la crise?

Le fonds monétaire international a octroyé environ 8 milliards de $ à 13 pays dont Fitch évalue la dette souveraine en Afrique subsaharienne. 15 d’entre ces pays peuvent recourir au  mécanisme de suspension du service de la dette pour 2020 initié par le G20. Néanmoins, l’impact de ces actions est relativement modéré et elles les apports de fonds ne représentent qu’entre 0,9% et 1,2% du PIB de ces pays. De surcroît ces financements n’ont pas été fournis pour régler les problèmes à la dette publique, à proprement parler, ni même ceux des risques liés à sa soutenabilité à moyen terme. Selon les prévisions de Fitch, le PIB réel reculera de 2,1% cette année tandis que le déficit budgétaire des nations africaines s’élargira à 7.4% contre 4.9% en 2019. Qu’on se le dise donc clairement, les économies africaines viennent de rentrer au coeur de la tourmente. 

Aaron Akinocho