Les agences de notation financière internationales sont souvent critiquées pour leur manque d’objectivité quand il s’agit des pays africains. Le président en exercice de l’Union africaine (UA) préconise donc de créer une agence panafricaine pour résoudre le problème.
Le président en exercice de l’Union africaine (UA), Macky Sall, veut que le continent ait sa propre agence de notation financière. Les trois principales agences internationales que sont Fitch Ratings, Moody’s et Standard & Poor’s Global Ratings, sont parfois accusées de subjectivité dans l’appréciation de la situation économique et financière des pays africains.
« Des études ont montré qu’au moins 20% des critères de notation des pays africains relèvent de facteurs plutôt subjectifs d’ordre culturel ou linguistique » a déclaré le Chef d’État sénégalais. Certains paramètres utilisés par ces agences internationales, quand il s’agit de l’Afrique, n’ont aucun lien avec ceux qui « jaugent de la stabilité d’une économie ».
L’agence de notation panafricaine viendra donc mettre un terme aux « notations parfois très arbitraires » de ces trois agences. Elle évitera aux pays africains d’être les victimes de leurs « injustices », selon Macky Sall. Le président sénégalais s’exprimait ainsi le week-end lors de la Conférence économique Dakar 2022. Une rencontre qui a réuni plusieurs économistes africains autour du thème : L’Afrique, partenaire leader.
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La mauvaise influence
En évaluant mal la situation économique et financière des pays africains, les trois principales agences influent négativement sur la confiance que placent les investisseurs en eux. Cette année, Moody’s a dégradé la note de défaut émetteur du Ghana. Les autorités de l’État anglophone ont aussitôt dénoncé une mauvaise évaluation. Elles ont accusé l’agence d’avoir omis des « informations importantes » lors de sa notation. Avant elles, d’autres dirigeants africains s’étaient déjà opposés à l’évaluation de l’agence. C’était le cas de la Zambie en 2015, de la Namibie en 2017 et de la Tanzanie en 2018.
Moody’s est principalement critiqué pour son « incompréhension du contexte intérieur des économies africaines ». Pour cause, l’agence ne détient qu’un seul bureau en Afrique. Elle couvre cependant près d’une trentaine de pays sur le continent. D’après Misheck Mutize, expert en économie à l’Université du Cap (Afrique du Sud), les analystes de Moody’s viennent « à peine » sur le terrain lors de l’évaluation. Ce manque de rigueur a de quoi inquiéter les pays qui en sont parfois victimes. Le Ghana en a fait les frais en janvier dernier. Il a vu la valeur de ses obligations souveraines chuter de 10% en 10 jours sur le marché international après que Moody’s a revu sa note à la baisse.
En 2020, 18 pays africains sur les 32 que couvrent les trois agences « ont vu leur notation dégradée » selon le chef de l’UA. « Ceci représente, a-t-il indiqué, 56 % des notations dégradées pour les pays africains contre une moyenne mondiale de 31 % ». Cette mauvaise évaluation a de nombreuses conséquences. L’une d’entre elles est « la perception du risque d’investissement en Afrique (qui) reste toujours plus élevé que le risque réel. Nous nous retrouvons ainsi à payer plus qu’il ne faut, des primes d’assurance. Ce qui renchérit le crédit accordé à nos pays ». Macky Sall souhaite changer ce système de notation qui est carrément « inéquitable » pour l’Afrique.
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