« L’Afrique aura besoin de 424 milliards $ pour se relever de la crise de Covid-19 » (Akinwumi Adesina)

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A.Adesina
Le président de la BAD, Akinwumi Adesina, décrie l’inaction des pays développés face aux besoins de financements en Afrique.

Le président de la BAD a condamné l’inaction des pays riches face aux principaux problèmes auxquels est confrontée l’Afrique. Le continent noir n’a pas encore fini de redresser son économie après la rude épreuve de la pandémie mondiale. Il n’est donc pas près de faire face à la crise générée par la guerre en Ukraine.

Les pays africains traînent encore les séquelles de la crise de Covid-19. Si certains ont pu renouer avec une croissance positive en 2021, la situation à l’échelle continentale reste tout de même critique. L’Afrique peine encore à trouver les financements nécessaires pour endiguer les effets de la pandémie. Selon le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, elle « aura besoin d’environ 424 milliards $ d’ici l’année prochaine pour pouvoir s’attaquer à ce problème particulier ».

L’ancien ministre nigérian s’exprimait ainsi lors d’une conversation avec Devex, une plateforme médiatique mondiale connectant les acteurs et les professionnels du développement, en marge de la 77e Assemblée générale des Nations unies. D’après lui, l’Afrique ne s’est pas suffisamment remise de la pandémie avant que la guerre en Ukraine ne vienne empirer sa situation. À ces facteurs déjà complexes s’ajoutent d’autres problèmes tels que l’urgence climatique et le manque d’accès à l’énergie. « Ce sont trop de chocs exogènes qui arrivent à ces pays (africains, ndlr) en même temps » a-t-il déploré. Chacun de ces problèmes exige un lourd tribut au continent noir.

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L’inaction des pays développés

Le président de la BAD accuse les pays développés d’avoir manqué à leurs différentes promesses et d’être très peu engagés dans la résolution des problèmes en Afrique. Lorsque vous avez une maison dans une forêt et qu’il y a un feu de forêt que vous n’avez pas causé, vous avez quand même besoin que tout le quartier travaille ensemble pour éteindre le feu » a-t-il déclaré. Il évoque ainsi la nécessité de l’aide des nations riches pour relever les défis africains.

Parlant des modes de financements, Adesina admet que l’aide directe ne sera pas suffisante, les emprunts non plus. L’Afrique pourrait cependant tirer profit des actifs sous gestion aussi bien dans sa région que dans le reste du monde. Ce sont 2100 milliards $ d’actifs qui sont administrés sur le continent. À l’échelle mondiale, on en compte 145 000 milliards $.

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« Ce sont des ressources que les institutions multilatérales devraient exploiter » selon Adesina. « Il est temps pour nous, poursuit-il, de changer et de réformer l’architecture financière mondiale. De la rendre plus efficace et capable de faire face aux problèmes mondiaux ». Il faudra, parallèlement, « nous éloigner des mégawatts de discours, qui ne fournissent aucun financement » a-t-il également recommandé.

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Fidèle DJIMADJA