Une agence de notation financière américaine vient de publier un nouveau rapport sur l’impact mondial du changement climatique. Il en ressort que l’économie globale subira une perte de 4% si les objectifs écologiques ne sont pas atteints. Le lourd tribut étant réservé aux pays pauvres.
Standard & Poor’s (S&P Global) a mené une nouvelle étude sur les effets que pourrait avoir le changement climatique sur l’économie des pays riches et pauvres. La recherche a porté sur 135 pays. Ses résultats indiquent que le PIB mondial pourrait chuter de 4% d’ici 2050 à cause du phénomène. Cette baisse sera pire au niveau des pays à revenu faible ou intermédiaire. Ils perdront 3,6 fois plus que les nations riches, selon l’estimation des experts.
Les catastrophes naturelles répertoriées dans certains pays africains sont déjà les signes annonciateurs de cette dégringolade économique. En Afrique du Sud, les récentes inondations qui ont dévasté la province du Kwazulu-Natal et tué près de 500 personnes ont entraîné des pertes économiques de plusieurs centaines de millions $. D’après le rapport de l’agence de notation américaine, l’économie africaine sera très exposée aux phénomènes tels que les tempêtes, les inondations, les vagues de chaleur et la sécheresse qui se produiront au cours des années à venir.
« De mal en pis ?«
Les catastrophes naturelles s’intensifient de jour en jour. L’Organisation météorologique mondiale (OMM) estime qu’une catastrophe naturelle (liée à l’eau, au climat ou au temps) se produit chaque jour dans le monde depuis 50 ans. Debarati Guha-Sapir, professeure d’épidémiologie en Belgique, a co-écrit le rapport de l’ONU intitulé : « The human cost of disasters : an overview of the last 20 years (2000-2019) ». D’après elle, si « l’accélération des phénomènes météorologiques extrêmes continue pendant les prochaines vingt années, l’avenir de l’humanité serait certainement très sombre ».
Le nouveau rapport de S&P Global indique que les économies dépendant de l’agriculture seront, entre autres, les plus affectées par le changement climatique. Les dégâts causés par les catastrophes impacteront gravement la production agricole. À titre d’exemple, les inondations causées par le cyclone Ana au Malawi ont dévasté 70 000 hectares de terres cultivées dans le pays. En Afrique de l’Ouest, une telle situation serait beaucoup plus grave. Le secteur agricole représente entre 30% et 50% du PIB des pays de la région. Il constitue également la plus grande source de revenus pour 70% à 80% de la population. De quoi nuire à toute l’économie ouest-africaine si des catastrophes du genre se mettaient à s’y produire régulièrement.
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La menace financière
Les phénomènes naturels engendrés par le changement climatique ne feront pas qu’augmenter les dépenses des pays touchés. Ils pourraient aussi les empêcher d’accéder aux financements sur les marchés internationaux. Selon Roberto Sifon-Arevalo, analyste principal du crédit gouvernemental chez S&P Global, cité par Reuters, la note de crédit de certains pays s’est dégradée à cause des conditions météorologiques extrêmes dont ils sont victimes.
Une étude réalisée l’année dernière par un groupe d’universités britanniques a prédit qu’une soixantaine d’États pourraient voir leurs notes baisser d’ici 2030 à cause du changement climatique. Or, une dégradation de la note de crédit d’un pays réduit ses chances de se faire financer sur les marchés internationaux.
Les investisseurs tiennent souvent compte des évaluations des agences de notation pour souscrire aux levées d’obligations sur le marché mondial. La qualité de la note d’un pays définit l’intérêt de ses investisseurs. Lorsque Fitch Ratings et Moody’s ont revu la note de défaut émetteur du Ghana à la baisse, le pays a aussitôt vu la valeur de ses obligations internationales chuter de 10% en moins de 10 jours.
Le soutien nécessaire
Il faudra un « soutien international » pour faire face aux conséquences du changement climatique dans les pays pauvres, selon Sifon-Arevalo. Ces derniers ont cependant l’habitude d’espérer en vain l’aide des nations riches. Les engagements pris par la France et les puissances économiques lors de l’Accord de Paris n’ont jamais été tenus.
Plus de 100 milliards $/an devraient être fournis aux pays pauvres pour lutter contre le changement climatique. Cette promesse, jamais réalisée, ne suffisait pourtant pas à résoudre la crise. D’après le groupe des négociateurs africains sur le climat à la COP 26, l’Afrique aurait besoin de 1300 milliards $ par an à partir de 2025 pour véritablement s’adapter au changement climatique. Cette requête du groupe aura été sans suite à Glasgow.
L’Afrique continuera de subir les conséquences d’un phénomène dont il n’est pas vraiment responsable. Faut-il le rappeler, les émissions de gaz à effet de serre constituent la principale cause du réchauffement climatique. L’Afrique n’en émet que 5% à l’échelle mondiale.
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