Tunisie : Face aux violences racistes, la Banque mondiale suspend son cadre de partenariat

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En réponses aux violences vis à vis des migrants subsahariens, la Banque mondiale suspend son cadre de partenariat avec la Tunisie.

La Banque mondiale a annoncé une suspension, « jusqu’à nouvel ordre », de son cadre de partenariat avec la Tunisie. Cette décision a été provoquée par la vague d’agression, subie par les immigrés subsahariens dans le pays. Les projets en cours de réalisation se poursuivront. Cependant, l’institution de Bretton Wood ne lancera pas de nouveau avant une réunion du Conseil d’administration.

Dans un courrier parvenu à l’AFP, David Malpass, le président de la Banque mondiale explique les motivations de la décision. L’institution ne peut plus poursuivre ses missions à cause de la situation qui prévaut dans le pays ; parce que « la sécurité est l’inclusion des migrants et des minorités font partie des valeurs centrales d’inclusion, de respect et d’antiracisme » qu’elle promeut.

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Une vague de violence déclenchée par un discours présidentiel

De nombreuses agressions ont été perpétrées en Tunisie contre les ressortissants d’Afrique subsaharienne.  Elles font suite à un discours du président tunisien Kaïs Saïed. Il a appelé à la prise de « mesures urgentes » contre les migrants clandestins d’Afrique subsaharienne. Leur présence est selon lui, source de violence et de crime. Selon Kaïs Saïed, ces  » hordes de migrants clandestins » vont en Tunisie dans le cadre « d’une entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie ».

 Le discours a été prononcé le 21 février lors d’une réunion dédiée aux migrants vivant en Tunisie. Depuis, de nombreux immigrants noirs ont été agressés par les populations. De nombreux pays tels que le Mali ou encore la Guinée, ont commencé à rapatrier leurs ressortissants.

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Ralentissement des projets en cours, et suspension des nouveaux

La décision prise par la Banque mondiale concerne principalement les nouveaux programmes de soutien. Ceux-ci ne seront plus lancés. La prochaine réunion du Conseil d’Administration de l’institution sur la Tunisie statuera sur le dossier. M. Malpass, a également annoncé que cette réunion sur la Tunisie est ajournée « jusqu’à nouvel ordre « .

« Les projets financés restent financés et les projets en cours restent en cours », a précisé à France 24 une source proche de l’institution. Cependant, les mesures de sécurité en place par la banque pourraient ralentir les actions sur place. Ces mesures concernent principalement le personnel d’origine subsaharienne de la banque.

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La Banque mondiale a également affirmé qu’elle  » évaluera et surveillera attentivement  » l’impact des « mesures urgentes » requises par le président le 21 février. Elle espère qu’elles iront dans « le bon sens » et permettront de « protéger et soutenir les migrants et réfugiés dans cette situation très difficile ».

Des mesures gouvernementales à l’endroit des migrants

Le gouvernement a annoncé le 5 mars, des mesures pour « améliorer la situation des étrangers en Tunisie et faciliter les procédures « pour leur régularisation. Il a également décidé de prolonger la durée des attestations de résidence qui passe de trois à six mois. Le pays prévoit également de « faciliter les opérations de retour volontaire dans un cadre organisé et en coordination avec les missions diplomatiques ».

Il a également promis une intensification des contrôles. Ces derniers permettront de « lutter contre toutes les formes de traite humaine et l’exploitation des migrants irréguliers.

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