Le Burkina Faso aura besoin de 4 milliards $ pour lutter contre le changement climatique d’ici 2030

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dry corn field with young corn plants

La majeure partie de l’enveloppe sera consacrée à l’adaptation. D’après la Banque mondiale, les avantages générés par cette dernière seront largement supérieurs aux investissements nécessaires. L’inaction exacerbera quant à elle les impacts actuels, aggravant la pauvreté et le sous-développement.

Le Burkina Faso sera l’un des pays où la hausse des températures terrestres se fera le plus sentir. Sa région, le Sahel, a été identifiée comme « l’un des points de basculement de la planète » au cas où le réchauffement augmenterait. Pour une population essentiellement dépendante de l’agriculture, l’impact sera énorme. D’après le « Rapport national sur le climat et le développement » de la Banque mondiale, le secteur agricole représente 76,2% des emplois au Burkina Faso. L’élevage contribue quant à lui à environ 10 ou 15% du PIB. 

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La forte dépendance vis-à-vis des deux secteurs expose des millions de Burkinabés aux conséquences dévastatrices du changement climatique. Parmi celles-ci, la sécheresse, les inondations, le stress hydrique, etc. « La volatilité climatique pose des défis aux ménages dans les zones rurales (généralement les plus pauvres) ainsi qu’à l’économie au sens large, et contribue aux graves crises d’insécurité dans le Sahel » indique le rapport de la Banque mondiale. 

Hausse de la pauvreté et baisse du PIB annuel

Les effets générés par le changement climatique affecteront aussi bien les ménages que la situation économique du Burkina Faso. Dans son étude, la Banque mondiale a pris en compte 6 canaux d’impacts. On y retrouve la baisse des rendements agricoles et de bétail, la chute de la productivité du travail en raison de la forte chaleur, la détérioration de la santé humaine et les dommages des inondations. 

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Leurs effets combinés feront chuter le PIB annuel burkinabé de 3,5% d’ici 2040, dans un scénario de climat humide et optimiste. L’accroissement du taux de pauvreté sera accéléré de 2% sur la même période. Dans le cas d’un climat sec et pessimiste, le taux de pauvreté augmentera d’environ 6% et le PIB annuel chutera de 6,8% d’ici 2050. Ces pertes seront plus importantes si on prend en compte d’autres facteurs tels que les conflits, les migrations et le manque d’eau. 

Les avantages de l’adaptation seront supérieurs aux investissements

Les Contributions déterminées au niveau national (CDN) du Burkina Faso prévoient des investissements de 4,12 milliards $ pour lutter contre le changement climatique d’ici 2030. Sur cette somme, 1,34 milliard $ sera consacrée à l’atténuation des effets du phénomène. Le reste du montant, soit environ 2,79 milliards $, sera dédié à l’adaptation. 

Malgré son coût élevé,15% du PIB du Burkina Faso, l’adaptation climatique aura des avantages supérieurs aux dépenses nécessaires à sa réalisation. Certaines mesures recommandées devraient même réduire « considérablement » les dommages causés par le changement climatique. On peut citer parmi elles, l’adoption de la cuisson propre, l’expansion de l’irrigation aux cultures pluviales, l’amélioration des pratiques d’alimentation du bétail, la construction de routes et de ponts résistants, etc. 

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En prenant le cas de l’adoption de la cuisson propre, les auteurs du rapport indiquent que ses avantages annuels seront 20 fois supérieurs aux coûts d’investissement annuels. Les bénéfices couvriront des secteurs allant de la santé (réduction de la mortalité et de la morbidité) à l’environnement (réduction des émissions de gaz à effet de serre). « La fourniture d’un accès universel à la cuisson propre signifierait une augmentation de la superficie des forêts et des zones de formations arbustives ». L’inaction face au changement climatique entraînera quant à elle, une exacerbation de ses effets dévastateurs sur les ménages et sur l’économie. 

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Fidèle DJIMADJA