La COP 26 de Glasgow démarre le dimanche prochain. L’Afrique s’est plus que jamais engagée à faire de sa cause, la première des priorités lors des discussions. Il en va de soi, d’autant plus qu’elle est la plus grande victime des émissions de gaz à effet de serre. Le pire, c’est qu’elle figure aussi au dernier rang des bénéficiaires des efforts de lutte contre le réchauffement climatique.
Les efforts qui sont actuellement menés pour lutter contre le changement climatique sont beaucoup moins favorables à l’Afrique qu’aux autres continents. Selon Tosi Mpanu-Mpanu, négociateur senior de la RDC sur les questions climatiques cité par Le Monde, « les engagements actuels conduisent vers un réchauffement de 2,7 °C au niveau mondial ». En Afrique par contre, ce réchauffement sera d’environ 5 °C. « Ce n’est pas acceptable, il faut que les grands pays émetteurs revoient leur copie » souhaite Tosi. Les nations riches et industrialisées devraient mener plus d’efforts pour réduire le réchauffement à un niveau égal sur toute la planète. Autrement, l’Afrique sera toujours la plus défavorisée.
« C’est une question majeure pour l’Afrique. Son avenir est directement lié à la capacité des pays pollueurs à combler l’écart qui sépare du seuil de 1,5 °C » indique Lola Vallejo, responsable du Programme climat de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). L’Afrique n’est responsable que de 4 % des émissions mondiales de carbone. Elle est cependant la plus grande victime du changement climatique. Les conséquences de ce phénomène sur le continent sont « sans précédent » selon les experts.
Le dernier rapport sur l’adaptation en Afrique réalisé par le Centre mondial pour l’adaptation (GCA) rapporte que « le nombre des inondations a été multiplié par cinq depuis les années 1990 ». En 2020, le Soudan a enregistré les pires inondations des 60 dernières années de son histoire. Bilan, 500 000 personnes déplacées et 5,5 millions d’hectares de terres agricoles ravagées. Il faut ajouter à cela la canicule, les feux de forêts, le manque d’eau, le dérèglement des saisons de pluies, etc. D’après le GCA, « un tiers des conflits survenus entre 1908 et 2016 ont été précédés par une catastrophe naturelle ». Le tout dernier rapport de la Banque mondiale sur l’Afrique indique que 86 millions de personnes migreront de leur habitat actuel à cause du changement climatique. Avec une hausse de 2 °C, le continent pourrait aussi perdre 20 % de ses rendements agricoles au cours des prochaines années.
Les pays africains reçoivent actuellement 6 milliards $ par an pour s’adapter au changement climatique. D’après le GCA, il leur faudra plutôt 26 milliards $ par an pour atteindre l’objectif fixé, d’ici 2030. Où trouver ces financements ? Les négociateurs africains pour la COP 26 comptent militer pour obtenir ces fonds auprès des pays riches. Ces derniers n’ont cependant pas pu tenir leur engagement d’investir annuellement 100 milliards $ dans l’adaptation climatique des pays pauvres. « (…) Cela nous inquiète pour l’avenir » a déclaré Tanguy Gahouma-Bekale, président du groupe des négociateurs africains pour la COP 26. « Car explique-t-il, les besoins de financement sont en réalité de dix à quinze fois supérieurs à ce chiffre ». En effet, il faudrait entre 750 et 1300 milliards $ par an pour régler les problèmes climatiques dans les pays en développement. « (…) Nous avons besoin d’aller plus loin en fixant des objectifs plus précis et plus qualitatifs » défend Tanguy.
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