La stratégie énergétique élaborée par l’Égypte pour lutter contre le changement climatique est loin de combler les attentes. Elle est insuffisante pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.
En juillet 2022, l’Égypte a soumis son plan de lutte contre le changement climatique aux Nations unies. Sa stratégie pour la transition énergétique est « très insuffisante » selon le Climate Action Tracker (CAT). Le groupe d’analyse scientifique à but non lucratif, dont la mission est de surveiller l’action climatique des gouvernements dans le monde, recommande vivement aux autorités égyptiennes de revoir leur copie. Il serait « très décevant », selon le CAT, qu’un pays n’ayant pratiquement aucun engagement climatique accueille la COP 27 prévue pour novembre prochain.
Aucun effort concret…
Le CAT accuse l’Égypte de n’avoir fixé aucune date pour atteindre le zéro émission nette. Pis, les autorités du pays subordonnent tout effort de réduction de gaz à effet de serre (GES) au soutien international. Autrement dit, aucune action climatique concrète ne sera engagée sans aide extérieure.
Au sommet de Glasgow, les experts avaient exigé que tous les projets basés sur les combustibles fossiles soient arrêtés. Il faudra, disaient-ils, respecter cette mesure si l’on veut protéger la Terre d’un cataclysme apocalyptique d’ici 2100.
Avec son plan de transition actuel, l’Égypte augmentera ses émissions de GES au-delà des limites fixées. À ce rythme, il serait difficile de maintenir le réchauffement à moins de 2 degrés Celsuis, comme l’a recommandé le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).
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Entre manne gazière et engagement climatique ?
L’Égypte est le plus grand consommateur et le deuxième pays producteur de gaz naturel en Afrique. Elle est responsable de 40% des émissions de carbone dues à l’utilisation du gaz sur le continent. Avec une demande intérieure croissante et une opportunité inédite sur le marché européen (liée à l’abandon du gaz russe), elle pourrait avoir du mal à s’aligner sur les objectifs climatiques mondiaux. L’enjeu est de taille.
L’exploitation des ressources gazières serait très bénéfique en cette période où le pays traverse une crise économique marquée par un besoin croissant d’aide financière. L’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis sont récemment venus en aide à l’Égypte pour renflouer ses caisses et augmenter ses réserves en baisse depuis le début de l’invasion russe en Ukraine.
Cette guerre en Europe, qui représente actuellement une menace pour l’économie égyptienne, se trouve être également une opportunité. En fournissant son gaz naturel aux pays de l’Union européenne (UE), l’Égypte pourrait générer assez de revenus. Les exportations gazières vers l’Europe deviendraient ainsi une importante manne financière. Cette aubaine est encore plus favorable en cette période marquée par la hausse des prix de l’énergie.
Une alternative au gaz ?
« Il y a un risque que l’Égypte ne fasse pas preuve de leadership en matière d’adaptation climatique à cause de sa propre dépendance aux combustibles fossiles, en particulier au gaz » indique le rapport du CAT. Le pays pourrait cependant tirer profit d’un autre atout naturel dont il dispose dans le domaine énergétique.
Avec le faible taux d’électrification en Afrique, l’Égypte pourrait investir dans les énergies renouvelables pour devenir un important fournisseur électrique sur le continent. Elle dispose du soleil et du vent nécessaires pour produire assez d’énergie solaire et éolienne, sans oublier l’hydrogène vert qu’elle prévoit de développer. « À moyen et long terme, il est clair que l’Égypte pourrait davantage bénéficier du développement de ses ressources en énergies renouvelables qu’elle pourra exporter » souligne le rapport.
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