Corruption: la justice nigériane veut comprendre la gestion du trésor de Sani Abacha qui a été restitué 

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Sani Abacha, ancien président du Nigeria (1993-1999)
Le général Sani Abacha, qui a dirigé le Nigeria pendant 5 ans et dont le régime a détourné 5 milliards $.

La justice nigériane a ordonné à l’exécutif de rendre des comptes sur la gestion des fonds issus de la restitution du butin de l’ancien dictateur Sani Abacha.

24 ans après son décès, l’ombre de Sani Abacha plane encore sur le Nigeria. En effet, un tribunal de la première économie d’Afrique vient d’ordonner au gouvernement de révéler les montants récupérés dans le cadre de la restitution des sommes volées par le régime de Sani Abacha. Cette décision constitue une victoire pour le Socio-Economic Rights and Accountability Project (SERAP), une organisation de la société civile qui a porté l’affaire devant les tribunaux.

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Le trésor d’un régime à la corruption légendaire

Sani Abacha, qui a dirigé le Nigeria de 1993 à 1998, a mis en place une dictature qui était marquée par un niveau record de corruption.  L’organisation Transparency International estime qu’Abacha et ses acolytes ont siphonné environ 5 milliards $ des caisses publiques du Nigeria. Avec les années, une partie de ces fonds ont été rendus par des pays comme les USA, la Suisse ou encore Jersey, le paradis fiscal britannique. Des affaires sont encore pendantes devant les juridictions de beaucoup de pays pour récupérer les sommes soustraites. 

Mais au-delà de la récupération, il se pose également la question de l’usage qui en a été fait par les différents gouvernements. Selon le tribunal, qui est cité par Reuters, le gouvernement Tinubu doit révéler «l’exact montant des sommes volées par le général Sani Abacha et l’étendue exacte de ce qui a été récupéré de son trésor. Il devra également révéler les accords signés dans le cadre de ces restitutions depuis le début de la démocratie en 1999, à ce jour.».

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Une possible victoire dans la lutte contre la corruption, mais à quel prix? 

Le SERAP indique qu’il a déjà écrit au président dont il attend qu’il se conforme à la décision de justice. Bola Tinubu, a débuté son  mandat par des décisions audacieuses comme l’interruption des subventions aux hydrocarbures, ou encore l’arrestation du président de la banque centrale du Nigeria, Godwin Emefiele. Répondre à cette injonction de la justice pourrait s’inscrire dans la continuité de son action et constituer un acte fort dans le cadre de la lutte contre la corruption endémique dont souffre le pays. Mais, il reste à savoir, qui, en cas de mauvaise gestion de ces fonds, pourrait être éclaboussé par un scandale. Il s’agira alors surtout pour le président en exercice d’évaluer  s’il peut s’aliéner les acteurs qui seraient concernés.