Un vaste réseau de contrebande expédie illégalement des tonnes d’or provenant d’Afrique vers les Émirats arabes unis chaque année. Des entretiens menés par Bloomberg auprès de responsables gouvernementaux africains ont permis de mettre la lumière sur le phénomène. L’ampleur du trafic est telle qu’elle inquiète aussi bien les pays victimes que la communauté internationale.
Plus de neuf pays sont victimes des fuites d’or sur le continent africain. On retrouve notamment le Nigéria, le Mali, la RDC, le Burkina Faso, le Soudan et le Niger. Chaque année, plusieurs tonnes d’or disparaissent de leurs mines pour être acheminées vers les Émirats arabes unis via un réseau de contrebande structuré.
En 2020, l’écart entre les importations émiraties officielles d’or et celles via la contrebande, toutes en provenance de l’Afrique, a été évalué à plus de 4 milliards $. Selon des experts onusiens, l’or qui disparaît des mines africaines sans être déclaré transite par des raffineries dans des pays comme l’Ouganda et le Rwanda. Il est ensuite transporté dans des bagages avec de faux papiers. Une fois aux Émirats arabes unis, le minerai est fondu en vue de masquer sa source d’origine. C’est alors qu’il est façonné en bijoux et en lingots.
Entre accusés et victimes…
Jusqu’à présent, les Émirats arabes unis nient fermement toute implication dans des pratiques de trafic d’or en provenance d’Afrique. Ahmed bin Sulayem, directeur de la Bourse des matières premières de Dubaï, a déclaré que les allégations proférées à l’encontre de son pays sont des « mensonges ». Interrogé sur le sujet, le ministère du Commerce extérieur des Émirats arabes unis a refusé de parler.
Pendant ce temps, les dirigeants africains se plaignent des fuites d’or dont leurs pays sont victimes chaque année. Le ministère soudanais des Finances indique que 80% de sa production n’est pas enregistrée. D’après certains rapports de l’ONU, 95% de la production aurifère d’Afrique orientale et centrale est acheminée vers Dubaï. « C’est une perte énorme » a déclaré le ministre nigérian des Mines, Olamilekan Adegbite.
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Une source d’inquiétude pour la communauté internationale
La contrebande d’or en provenance de l’Afrique est une source de préoccupation majeure pour les victimes, mais aussi pour la communauté internationale. En effet, les fonds issus de la contrebande de minerais financent des réseaux criminels et terroristes, sapant ainsi la démocratie et facilitant le blanchiment d’argent. C’est ce qu’indique l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).
L’inaction et l’incapacité des autorités africaines à endiguer la contrebande d’or ont favorisé l’essor de ce dernier depuis quelques mois. La mise en place d’une législation rigoureuse et un suivi strict de la production aurifère dans les mines africaines sont des mesures vivement recommandées pour stopper la progression du phénomène qui nuit à l’économie africaine. Les experts onusiens préconisent aussi l’interdiction de transporter de l’or dans des valises.
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