Le Nigeria traverse actuellement l’une des pires crises de son histoire. Celle-ci a été exacerbée par le vol de pétrole et la crise russo-ukrainienne qui constituent autant de facteurs impactant la situation économique du pays le plus peuplé d’Afrique.
Fitch Ratings a dégradé la note de crédit du Nigeria à B- avec perspectives stables dans sa récente publication sur la situation économique du pays ouest-africain. Ce score, 4 crans en dessus du défaut de paiement, reflète la détérioration continue des coûts du service de la dette. La capacité du pays à honorer ses engagements financiers demeure vulnérable à la détérioration de l’environnement économique.
Les coûts du service de la dette du Nigeria figurent parmi les plus élevés selon l’agence de notation américaine. La dégradation de la note du pays traduit également sa faible capacité à mobiliser des recettes. Une situation notamment due à la chute de la production du pétrole, principale source de revenus du pays.
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Le vol du brut
Le pétrole produit par le Nigeria est volé par des contrebandiers au profit du marché noir. Ajoutée aux problèmes d’infrastructures, aux fuites et aux déversements de brut, cette pratique a fait perdre au moins 120 millions de barils de pétrole au pays au cours des 9 premiers mois de l’année 2022. Le coût de ce manque à gagner est évalué à plus de 12 milliards $, soit plus que l’équivalent du PIB rwandais.
Selon le directeur général de la compagnie pétrolière nationale (NNPC Ltd), Mele Kyari, les auteurs et les complices de cette contrebande se trouvent à tous les niveaux de la société. En août dernier, il a accusé les mosquées et les églises d’être impliquées dans le trafic après que du carburant volé a été retrouvé dans ces différents lieux de culte.
L’ampleur du vol est si élevée qu’à fin août 2022, au moins 700 sites de production ont été contraints à l’arrêt de leurs activités. Le Nigeria a perdu cette année sa place de premier producteur de brut en Afrique.
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La crise en Ukraine et la chute du naira
Outre la contreperformance enregistrée dans le secteur pétrolier, le Nigeria est également confronté à de multiples défis qui pèsent sur son économie. La guerre en Ukraine a entraîné la hausse des prix des denrées de base sur le marché international. La forte dépendance du pays vis-à-vis de ses principaux produits d’importation a porté un coup énorme à ses réserves en devises. Fitch prévoit une chute de ces dernières à 36,3 milliards $ à fin 2022 contre 40,2 milliards $ en glissement annuel.
Les cours des denrées ont flambé, aggravant la cherté de la vie pour les populations. L’inflation est montée à 20,8 % en octobre 2022, soit le niveau le plus élevé de ces 17 dernières années. Le naira a perdu 37 % de sa valeur face au dollar américain en 2022. La semaine dernière, il fallait 890 nairas pour obtenir 1 $ sur le marché noir où s’effectuent la plupart des opérations de changes.
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La Banque centrale a annoncé l’émission de nouvelles coupures de 200, 500 et 1000 nairas sur le marché à partir de mi-décembre. Cette décision vise à réduire le recours au marché alternatif où le taux appliqué est largement différent de la parité fixée par le régulateur.
Elle a cependant entraîné la ruée précipitée des citoyens vers les billets verts, occasionnant la chute de la devise locale. Le naira a récemment rejoint le Top 3 des monnaies les moins performantes au monde aux côtés du cedi ghanéen et de la roupie sri-lankaise. Dans une récente publication, la Bank of America a prédit une dévaluation de 20 % de la devise nigériane en 2023.
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