La forêt gabonaise séquestre 100 millions de tonnes de CO2 chaque année. Elle couvre 88% du territoire national et constitue l’un des plus importants puits de carbone au monde. Un potentiel dont les autorités comptent se servir pour soutenir la croissance économique du pays dans la période post-pétrole.
Le Gabon a prévu de vendre 90 millions de crédits-carbone sur le marché international avant la COP 27 de Charm el-Cheikh. Le ministre de l’Environnement, le professeur Lee White, a révélé hier dimanche sur son compte Twitter que le prix de l’unité sera compris entre 25 et 35 $. Pour un tarif moyen de 30 $, le Gabon récoltera 2,7 milliards $ de recettes, soit environ 14% de son PIB. Cette somme sera supérieure aux 2 milliards $ de recettes prévues quatre mois plus tôt.
Cette manne importante permettra au Gabon de préserver sa forêt qui séquestre annuellement 100 millions de tonnes de carbone. Le ministre Lee White a dévoilé à l’Africa Adaptation Summit qui s’est tenu à Rotterdam le mois dernier la façon dont les fonds issus de la vente des crédits-carbone seront utilisés. D’après ses explications, 10% seront investis dans la protection et la sauvegarde de la forêt gabonaise. 50% seront dédiés au service de la dette et au soutien budgétaire. 25% seront injectés dans un fonds pour le développement durable. Les 15% restants iront aux communautés rurales.
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L’émission des crédits-carbone, « un test décisif »
Les crédits-carbone du Gabon seront vendus sur la plateforme REDD+, un marché créé grâce à une collaboration entre IHS Markit de S&P Global, la bourse des matières premières CBL et la Coalition for Rainforest Nations. Le ministre White avait annoncé à Rotterdam que les crédits seraient disponibles au début du mois d’octobre 2022. Luke Olivier, responsable des investissements climatiques chez le gestionnaire d’actifs Kraneshares, confiait à Bloomberg le mois dernier que la demande des crédits-carbone explosait sur le marché mondial.
Le Gabon devrait donc vendre tous ses crédits lors de son émission. Le ministre Lee White considère d’ailleurs cette opération comme un « test décisif » pour l’humanité. Elle permettra de vérifier si les principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre (GES) sont vraiment prêts à tenir leurs engagements climatiques et à œuvrer pour l’adaptation en finançant les principaux pays absorbeurs de carbone. « Les pays développés sont-ils sérieux ou non ? » a lancé le ministre White aux nations industrialisées.
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