L’Afrique de l’Ouest confrontée à sa pire crise alimentaire depuis dix ans (Oxfam)

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Mamadou Diop, représentant régional d’Action contre la faim.

La menace d’une crise alimentaire plus importante plane au-dessus de la région ouest-africaine, avec le conflit russo-ukrainien. Pourtant, celle-ci subit déjà une famine, qui atteint des records sans précédent.

L’Afrique de l’Ouest fait face à sa pire crise alimentaire depuis dix ans. Près de 27 millions de personnes subissent actuellement la famine dans la région. Si rien n’est fait, ce chiffre pourrait grimper à 38 millions en juin, soit une augmentation d’un tiers par rapport à 2021. L’alerte a été lancée mardi par onze organisations internationales dans un communiqué de presse, relayé par Oxfam.

Un phénomène en constante aggravation

Au cours de la dernière décennie, les crises alimentaires se sont multipliées dans la région ouest-africaine. Entre 2015 et 2022, le nombre de personnes ayant besoin d’une aide alimentaire d’urgence a quadruplé, passant de 7 à 27 millions. Cette aggravation est imputable à plusieurs facteurs, tels que la sécheresse, les inondations, les conflits, mais aussi et surtout la pandémie de Covid-19. « La situation oblige des centaines de milliers de personnes à se déplacer dans différentes communautés et à vivre dans des familles d’accueil qui vivent elles-mêmes déjà dans des conditions difficiles. Il n’y a pas assez de nourriture, encore moins suffisamment nutritive pour les enfants. Nous devons les aider d’urgence, car leur santé, leur avenir et même leur vie sont en danger », a déclaré Philippe Adapoe, directeur de Save the Children pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

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Le conflit russo-ukrainien, une menace pour la région

Alors que la famine gagne du terrain au Sahel, la crise russo-ukrainienne aggrave encore plus la situation. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les prix des denrées alimentaires pourraient encore augmenter de 20 % dans le monde. Pourtant, ces prix ont déjà subi une augmentation de 20 à 30 % au cours des cinq dernières années en Afrique de l’Ouest. La crise réduira également la disponibilité de blé pour six pays ouest-africains, qui importent plus du tiers de leur blé de la Russie ou de l’Ukraine.

Le rapport attire également l’attention sur un autre effet probable de la crise, qu’est la baisse de l’aide internationale à l’Afrique. De nombreux donateurs, à l’instar du Danemark, ont annoncé une baisse de leur aide à l’Afrique, afin d’aider les populations ukrainiennes. « Il ne devrait pas y avoir de concurrence entre les crises humanitaires. La crise du Sahel est l’une des pires crises humanitaires à l’échelle mondiale et, en même temps, l’une des moins financées. En réorientant les budgets humanitaires vers la crise ukrainienne, nous risquons d’aggraver dangereusement une crise pour répondre à une autre », a déclaré Mamadou Diop, représentant régional d’Action contre la faim, cité par Oxfam.

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