Le phénomène de la pauvreté touche notamment les adolescents de 16 à 17 ans. Il faudra plus de 2 milliards $ pour l’éradiquer. Les États fédérés devront jouer un rôle crucial.
Le ministère nigérian du Budget et de la Planification nationale a publié trois nouveaux rapports sur la situation des enfants vivant dans le pays le plus peuplé d’Afrique. Il en ressort que 54% d’entre eux sont touchés par la pauvreté multidimensionnelle. Les adolescents de 16 à 17 ans sont les plus affectés par le phénomène. Les plus épargnés sont les bébés de 0 à 5 ans.
Les trois rapports ont été réalisés en collaboration avec le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef). Ils révèlent de fortes disparités d’une zone à une autre et d’un État à un autre. C’est ainsi qu’on retrouve plus de 6 enfants sur 10 qui sont touchés par la pauvreté multidimensionnelle en milieu rural contre environ 3 sur 10 en milieu urbain. À Lagos, 14,5% des enfants sont affectés par le phénomène contre un taux de 81,5% à Sokoto.
La notion de pauvreté multidimensionnelle
Les experts différencient la pauvreté conventionnelle de celle nommée « multidimensionnelle ». La première se réfère à un seuil. Elle désigne, selon la Banque mondiale, une personne qui vit avec moins de 1 $ par jour. La seconde concerne généralement les pays en développement. Elle englobe une dizaine d’indicateurs tels que la mortalité infantile, la malnutrition, l’accès à l’eau potable, à l’électricité et à l’assainissement, la scolarité.
Les auteurs des présents rapports parlent de « pauvreté multidimensionnelle » lorsque le sujet (l’enfant dans le cas actuel) est privé d’au moins trois de ses droits. Les plus importants étant la nutrition, les soins de santé, l’éducation, l’eau, l’assainissement, un logement convenable et l’accès à l’information.
La pauvreté monétaire
L’un des rapports publiés porte uniquement sur la pauvreté monétaire des enfants nigérians. Il révèle que 47,4% d’entre eux sont concernés. On les retrouve dans les ménages dont les dépenses quotidiennes sont inférieures à 0,91 $. Ils sont plus nombreux dans les États fédérés peu développés, soit 91,4% des enfants de Sokoto contre 6,5% de ceux de Lagos.
Les filles sont presque aussi touchées par le phénomène que les garçons. La disparité entre les deux sexes n’est que de 1%. Quelle qu’en soit la forme, la pauvreté impacte gravement le bien-être des enfants, selon les auteurs des trois rapports. Les effets s’étendent sur le long terme et persistent même à l’âge adulte.
Lire aussi : Afrique : La Covid-19 a plongé 55 millions d’Africains dans l’extrême pauvreté en 202
Des mesures fortes pour résoudre le problème
Peter Hawkins, représentant de l’Unicef cité par Vanguard Nigeria, se réjouit que de tels rapports soient disponibles. Ils permettront aux autorités de prendre les mesures nécessaires pour lutter contre la pauvreté multidimensionnelle. « Les données sont essentielles pour une budgétisation et une prise de décisions efficaces » a-t-il indiqué.
Sortir tous ces enfants nigérians de la pauvreté multidimensionnelle coûtera près de 2,40 milliards $. « Nous avons encore un long chemin à parcourir pour assurer le bien-être des enfants et des familles au Nigeria » a déclaré Hawkins. Une pauvreté multidimensionnelle « persistante » est un « obstacle crucial » pour le développement économique et humain.
Le gouvernement fédéral et les autorités locales ont été appelés à planifier leurs Budgets pour allouer des fonds à la lutte contre ce phénomène. La protection sociale doit être renforcée et étendue aux enfants. Ceux-ci doivent avoir un accès plus large aux services de base. En un mot, il faudra s’assurer du respect de tous les droits des enfants en République nigériane.
Lire aussi : Nigeria : 40 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté (BoI )
- Guinée : Optasia lance un service de microcrédit via Mobile Money - 3 février 2023
- Le Burkina Faso souhaite créer une Fédération avec le Mali - 3 février 2023
- Sénégal : Démarrage imminent de la construction du port en eau profonde de 1,1 milliard $ - 3 février 2023