L’Afrique subsaharienne émet 13 fois moins de carbone que l’Amérique du Nord

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La quantité annuelle de carbone émise par habitant en Afrique subsaharienne a été de 1,6 tonnes en 2019. En Amérique du Nord, cette masse d’émission a été estimée à 20,8 tonnes par habitant au cours de la même année, soit 13 fois plus. La fourchette quant à l’Europe et à l’Asie de l’Est était de 7,5 à 10 tonnes. Ces données ressortent d’une récente étude réalisée par le World Inequality Lab. « L’inégalité des émissions de carbone dans le monde apparaît donc très grande » constate l’économiste Lucas Chancel, auteur de ladite étude, cité par Les Echos. 

Le rapport indique que « près de la moitié de toutes les émissions est due à un dixième de la population mondiale ». Ce dixième n’est composé que de 10 % des habitants les plus riches de la planète. Le fait le plus alarmant de l’étude devrait d’ailleurs préoccuper les nations lors de la COP 26. Les émissions de carbone générées par 1 % des personnes les plus riches du monde, progressent annuellement de 26 % depuis 1990. Une hausse « due à l’augmentation des inégalités de revenu et de richesse au sein des pays et à la part croissante de leurs émissions provenant des actifs qu’ils possèdent » explique-t-on dans le rapport. Autrement dit, plus l’économie d’un pays est avancée, plus ses émissions de carbone augmentent. 

Les pays les nations riches ont donc beaucoup plus d’engagements à tenir dans l’atteinte des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. On ne devrait pas, selon l’auteur de l’étude, imposer aux Etats pauvres, notamment ceux africains, de fournir la même énergie que les plus riches dans la quête du zéro net. Aux Etats Unis par exemple, 10 % des personnes les plus riches « doivent réduire leurs émissions de près de 90 % pour atteindre l’objectif par habitant de 2030 » indique Lucas Chancel. L’économiste préconise d’ailleurs qu’un taux d’imposition de 10 % soit appliqué sur la valeur des actifs détenus par les multimillionnaires du monde. Cela rapporterait 100 milliards $ à l’économie globale. Une telle enveloppe représente 150 % des coûts investis dans la lutte contre le réchauffement climatique dans les pays en développement en 2020. Le présent rapport du World Inequality Lab est intitulé : Climate change & The global inequality of carbon emissions. Publié le jeudi dernier, ce document résulte d’une étude menée sur la période de 1990 à 2020.

Fidèle DJIMADJA