Le diabète en Afrique : une épidémie silencieuse et dévastatrice

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En Afrique, le diabète émerge comme une épidémie silencieuse et dévastatrice.

En Afrique, le diabète prend des proportions alarmantes, devenant un enjeu majeur de santé publique. Entre obésité, sédentarité et sous-diagnostic, la maladie se propage à un rythme effrayant, alerte Baye Oumar Guèye, secrétaire général de l’Association sénégalaise de soutien aux diabétiques, dans un entretien avec Le Monde.

En Afrique, le diabète évolue rapidement, avec plus d’un diabétique sur deux qui ignore sa condition. Les Nations unies, conscientes de l’ampleur du problème, ont dédié la Journée mondiale du diabète au thème du dépistage et de la prévention. Les prévisions scientifiques sont alarmantes, annonçant un triplement du nombre de diabétiques d’ici 2050, principalement en raison de l’augmentation du surpoids, de l’obésité, et de l’insécurité alimentaire.

416 000 décès liés au diabète en Afrique en 2022

En 2021, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) rapportait que 24 millions d’Africains étaient atteints de diabète. Ce nombre, déjà alarmant, est prévu pour plus que doubler d’ici 2045, révélant une tendance inquiétante pour la santé sur le continent.

Les conséquences mortelles du diabète sont également notables. Environ 416 000 Africains ont perdu la vie en 2022 à cause de cette maladie. Si cette progression persiste, le diabète pourrait émerger comme l’une des principales causes de décès en Afrique d’ici la fin de la décennie.

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La mondialisation, une source du problème

Baye Oumar Guèye souligne les conséquences dévastatrices de la mondialisation sur les modes de vie en Afrique. Les habitudes urbaines, caractérisées par le stress, la sédentarité, et une alimentation riche en sucres et en sel, ont favorisé l’émergence du diabète de type 2.

Cette maladie, évitable par une hygiène de vie saine, se propage désormais dans toutes les régions du continent. Les facteurs liés à la mondialisation ont dérégulé les marchés économiques et modifié les habitudes alimentaires, contribuant ainsi à une augmentation alarmante des cas de diabète en Afrique.

Les zones rurales et les enfants touchés également

Même les zones rurales ne sont pas épargnées, comme le montre l’exemple de la région de Saint-Louis au Sénégal. Les enquêtes épidémiologiques révèlent des taux de diabète bien au-dessus des moyennes nationales, soulignant l’ampleur de l’épidémie.

L’explosion du diabète de type 1 chez les enfants interpelle également. Bien que sa cause exacte reste inconnue, l’influence des facteurs environnementaux, tels que le manque d’activité physique et une mauvaise alimentation, est fortement suspectée. Le surpoids et l’obésité touchent désormais l’enfance à l’échelle mondiale.

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Un défi sanitaire et économique

En Afrique, le diabète n’est pas seulement une question de santé, mais aussi un défi économique. D’après le Secrétaire général de l’Association sénégalaise de soutien aux diabétiques, le fardeau sanitaire peut devenir un fardeau économique si les coûts restent inabordables pour la majorité des citoyens.

À moins que des mesures concrètes ne soient prises, la prévalence croissante de la maladie pourrait entraver le développement du continent. La mobilisation sociale actuelle, bien que louable, ne peut remplacer une action gouvernementale décisive et une sensibilisation continue pour endiguer cette épidémie silencieuse.

La voie de sortie

Pour inverser cette tendance, Baye Oumar Guèye préconise une communication précoce. Celle-ci devrait être intégrée à l’éducation, pour sensibiliser les parents à la prévention et au dépistage systématique. La décentralisation de la prise en charge de la santé et la proximité des services de dépistage sont également des stratégies positives, mais elles nécessitent un accès démocratisé à l’insuline et à l’information médicale.

Appel aux bailleurs et partenaires pour un rôle clé

Malgré la création en 2021 du Pacte mondial contre le diabète par l’OMS, les États africains semblent peu conscients de l’ampleur du problème. Baye Oumar Guèye souligne l’influence cruciale des bailleurs de fonds et partenaires internationaux dans l’établissement de l’agenda sur le diabète.

À ce sujet, il a exhorté les États à intensifier leurs efforts, en particulier en garantissant un accès universel à l’insuline. La nécessité d’une action gouvernementale plus poussée devient apparente pour surmonter les obstacles financiers et rendre la prise en charge du diabète plus accessible à l’ensemble de la population.

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