Le secteur de l’or est bondé d’acteurs opérant sans contrôle dans le pays. Les cours d’eau sont contaminés et les forêts ravagées. Les villageois sont privés de leurs moyens de subsistance et les autorités semblent, pour l’instant, impuissantes face à la situation.
Au Liberia, l’exploitation de l’or est devenue anarchique et dangereuse pour plusieurs communautés. Les orpailleurs et les sociétés minières détenant des permis officiels s’adonnent à des pratiques peu conventionnelles dans la recherche de l’or. Leur chasse au trésor expose aujourd’hui la plupart des communautés vivant en milieu reculé à un désastre écologique.
Dans la région de Sam Beach, plus de 3 000 villageois sont confrontés à la perte de leur habitat et de leurs moyens de subsistance. Les chercheurs d’or ont souillé et pollué la seule rivière qui alimente la communauté locale. « (…) Ils sont venus et ont sali notre eau. Nous ne pêchons plus, ne buvons plus et ne cuisinons plus avec » déplore Esther Zangar, une pêcheuse de la région citée par Daily Observer.
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Cette exploitation aurifère non-réglementée a également entrainé, dans la région, la destruction des terres et forêts appartenant aux clans Ziadue et Teekpeh. Des pêcheurs et autres villageois générant des revenus grâce à la rivière Wornor et aux ressources forestières locales ont perdu leur source de revenus. « Avant, je gagnais de l’argent en travaillant au bord de la rivière. À cette époque, j’utilisais l’argent pour payer les frais de scolarité de mes enfants, m’acheter des vêtements et nourrir ma maisonnée » confie Zangar, un autre pêcheur de Sam Beach.
Outre la pollution et les ravages forestiers, les exploitants aurifères laissent derrière eux des fosses profondes à ciel ouvert éparpillées dans toute la forêt. Ces trous béants exposent les villageois campant dans la région à des pièges mortels et à des glissements de terrain.
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Des victimes impuissantes ?
Les communautés affectées par cette exploitation aurifère non-réglementée ne sont pourtant pas consultées lors de l’octroi des permis miniers aux sociétés opérant sur leur territoire. La Loi de 2009 sur les droits communautaires reconnaît qu’elles sont les propriétaires fonciers de leurs terres, forêts et rivières.
Le problème réside cependant dans la loi minière du Liberia. Ce texte, datant de 2000, ne reconnait pas les droits communautaires et n’a pas été modifié suite à l’adoption de la loi de 2009. Or, le gouvernement conclut ses accords miniers sur la base de ce texte antérieur, ce qui n’interdit pas aux sociétés de s’attaquer à l’habitat et aux ressources des communautés.
« Nous ne participons pas aux accords. Les gens viennent ici et nous disent juste ce qu’ils ont à faire. Je me sens généralement mal face à cette situation, mais je n’ai pas le pouvoir de lutter contre » regrette James Geeyon, chef du clan Ziadue.
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L’incapacité technique et financière du ministère de tutelle…
Outre le double-jeu des dirigeants qui reconnaissent le droit des communautés sans pour autant en tenir compte lors de l’octroi des permis miniers, l’exploitation non-réglementée de l’or au Liberia est aussi due au manque de moyens humains, techniques et financiers des autorités.
Selon une enquête menée par la Commission générale d’audit (GAC), 69 % du personnel de terrain travaillant au ministère des Mines est constitué de bénévoles. Le gouvernement n’a pas les fonds nécessaires pour les employer à titre payant. Le ministère des Mines souffre également d’un manque de véhicules pour les inspections de terrain, sans oublier l’absence d’un système pour contrôler les sites miniers.
La plupart des concessions se situent dans les zones reculées et souvent inaccessibles. « Nous n’avons que 6 motos pour les 6 régions minières du pays » a déclaré Mongabay Obediah Arku, inspecteur général des Mines. D’après lui, il faudra entre 6 à 7 millions $ pour réellement assurer le suivi et la régulation du secteur aurifère.
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