Les pays africains risquent de manquer leurs objectifs climatiques s’ils poursuivent l’approvisionnement en gaz de l’Europe (ACF)

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Gaz naturel Afrique
Les pays africains pourraient être pénalisés dans les prochaines décennies s’ils continuent à répondre aux besoins à court terme de l’UE en gaz naturel.

Alors que l’Afrique est sollicitée par les pays développés pour ses réserves de gaz, elle devrait réduire ses investissements dans les sources d’énergie fossiles. Le continent pourrait être pénalisé par les demandeurs actuels sur le long terme, en raison des mesures globales pour limiter les émissions.

Les gouvernements africains pourraient être pénalisés dans les prochaines décennies s’ils continuent à répondre aux besoins à court terme de l’Union européenne (UE) en gaz naturel. Une décarbonisation plus rapide, une demande de gaz plus faible et des prix plus bas à long terme réduiront la valeur de l’industrie gazière africaine existante. En outre, ils nuiront à la viabilité économique des futurs projets. L’alerte a été lancée par l’African Climate Foundation (ACF) dans un nouveau rapport.

Le continent sollicité par l’UE pour ses réserves de gaz

Selon le rapport, l’Afrique est un acteur important sur le marché du gaz naturel. Au cours de la dernière décennie, d’importantes découvertes de ressources en gaz naturel ont été faites sur le continent, s’ajoutant aux réserves déjà détenues par les grands producteurs historiques d’Afrique de l’Ouest et du nord.

Lors de la COP26, l’Allemagne s’est engagée à mettre fin au financement public étranger des combustibles fossiles d’ici fin 2022. Pourtant, le chancelier allemand Olaf Scholz a fait pression pour autoriser ce type de soutien pour de nouveaux projets, par exemple au Sénégal, en Afrique occidentale. Ses plans ont été critiqués, notamment parce que des rapports ont indiqué que l’exploitation de tout nouveau gisement de pétrole et de gaz pousserait le monde au-delà de la limite de 1,5 °C d’augmentation du réchauffement.

« L’Europe attend des pays africains qu’ils lui fournissent une solution provisoire pour les dix prochaines années, mais qu’adviendra-t-il ensuite de ces pays ? Ils auront englouti beaucoup d’argent dans le développement de nouvelles ressources et ils seront ensuite pénalisés par l’Europe via le mécanisme d’ajustement à la frontière carbone (CBAM) pour l’utilisation du gaz naturel », a déclaré Ellen Davies, auteur principal du rapport.

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Accorder la priorité aux sources d’énergie renouvelables

Dans le contexte actuel, l’UE s’éloigne du gaz russe et passe progressivement à des sources d’énergie propres. Cela devrait causer une baisse de la demande de gaz naturel au cours des prochaines décennies. L’UE vise à devenir neutre sur le plan climatique d’ici à 2050. « Plutôt que de répondre aux besoins à court terme de l’Europe en gaz, ces pays africains feraient mieux d’investir dans les sources d’énergie renouvelables, en suivant la voie de l’UE », estime l’ACF.

Dans le même temps, les pays africains sont considérés comme des pivots de la transition énergétique, notamment en raison de leurs vastes ressources en énergie solaire. Si les conditions sont réunies, ils peuvent fournir une source d’énergie importante aux États membres de l’UE, tout en développant leurs propres sources d’énergie renouvelable.

Toutefois, « la responsabilité de réduire rapidement les émissions doit incomber aux pays développés qui ont historiquement et continuent de contribuer le plus aux émissions de gaz à effet de serre », a déclaré Ellen Davies. « Garantir l’accès à l’énergie sur le continent est absolument essentiel, non seulement pour améliorer la vie des gens et soutenir le développement économique, mais aussi pour renforcer la capacité d’adaptation et la résilience face au changement climatique », a-t-elle ajouté.

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