En Afrique, le secteur de la pêche et de l’aquaculture emploie plus de 12 millions de personnes. La plupart d’entre elles utilisent des méthodes artisanales pour mener leurs activités. Mais la pêche industrielle fait planer une grande menace au-dessus de leur moyen de subsistance.
Les acteurs de la pêche industrielle pratiquent leurs activités très loin des côtes. Cela leur donne une certaine facilité pour exploiter à leur guise, les ressources halieutiques du continent africain. Une situation qui a fini par entraîner l’essor de la surpêche et de la pêche illégale ou non déclarée.
En Afrique de l’Ouest, la pêche illicite, non déclarée et non réglementée équivaut à environ 65% de celle légale et déclarée, rapporte The Conversation. Les pays africains qui octroient les permis d’exploitation maritime aux flottes n’ont pas la capacité, même au plan régional, de surveiller les activités que ces dernières mènent en eaux lointaines. L’exploitation abusive des ressources halieutiques africaines menace gravement le secteur de la pêche et notamment les acteurs artisanaux.
Un biais en faveur de la pêche industrielle
Cette situation déjà inquiétante, est loin de s’améliorer, indique The Conversation. En effet, les pays africains mettent en place des réformes qui favorisent plutôt l’essor de la pêche industrielle au détriment de la pêche artisanale. A titre d’exemple, le Ghana a introduit une réforme nommée « saison fermée » en 2015.
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L’objectif de la mesure était d’interdire la pêche durant certaines périodes afin de protéger les stocks de poissons. Cette décision a accru la pauvreté et la vulnérabilité au sein des communautés de pêcheurs artisanaux. N’ayant aucune autre source de revenu, elles se sont retrouvées totalement sevrées. Aucun soutien n’a été prévu pour les aider durant la « saison fermée ». Le gouvernement a par contre accordé de nouveaux permis aux flottes étrangères.
Au Libéria, les autorités ont réduit de 50%, les zones de pêche côtière où travaillent les acteurs artisanaux. Elles ont cependant attribué des zones supplémentaires aux navires de pêche espagnols.
Une régulation difficile
Malgré leur biais en faveur de la pêche industrielle, les pays ouest-africains n’arrivent pourtant pas à réglementer cette activité qui est la cause de l’effondrement des ressources halieutiques du continent.
D’après un rapport de la Fondation Heinrich-Böll, le manque de réglementation adéquate a favorisé la surexploitation de plus de 50 % des stocks halieutiques ouest-africains. C’est l’un des taux de surpêche les plus élevés au monde. Dans ce contexte, les efforts fournis par les Etats de la région pour développer le secteur ne font qu’empirer la situation.
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Investir dans la pêche artisanale, une option plus rentable
Aussi étonnant que cela puisse paraître, les pêcheurs artisanaux contribuent plus à l’économie africaine que leurs homologues industriels, indique The Conservation. D’après la Fondation Heinrich-Böll, la vente des accords d’exploitation halieutique ne rapporte que 400 millions $ aux pays ouest-africains. Si ces derniers investissaient plutôt dans la pêche locale, ils génèreraient 3,3 milliards $ pour leurs économies, indique la Fondation allemande. La promotion et la réglementation de la pêche artisanale en Afrique de l’Ouest permettront aussi d’éviter des pertes de plus de 2 milliards $ causées par la pêche illicite, non déclarée, et non réglementée.
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