Les projets pétroliers et gaziers en cours en Afrique servent les intérêts occidentaux

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Gisement pétrolier
Dans le meilleur des scénarios, le fossile représentera au moins 18% de la consommation énergétique primaire mondiale en 2050 selon BP.

Un nouveau rapport montre que des projets d’exploration et d’exploitation de combustibles fossiles (pétrole et gaz) sont en cours dans 48 pays africains. La plupart de ces projets sont développés par des entreprises étrangères et sont destinés à l’exportation.

Selon le rapport « Who is Financing Fossil Fuel Expansion in Africa ? » publié à l’occasion de la COP27, deux tiers des nouveaux projets d’exploitation de combustibles fossiles développés en Afrique sont menés par des multinationales étrangères. La plupart de ces projets sont destinés à l’exportation. Et répondent donc davantage aux besoins de l’Occident qu’à ceux du continent. Le rapport a été réalisé par plusieurs ONG et associations, dont Urgewald, Reclaim Finance, les Amis de la Terre France et 36 organisations africaines.

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« Deux tiers de ces projets sont portés par des multinationales dont le siège se trouve hors d’Afrique et la majorité sont tournés vers l’exportation pour satisfaire les besoins occidentaux », explique Heffa Schücking, directrice de l’ONG allemande Urgewald et co-auteur du rapport. Le document montre que près de 16 milliards de barils supplémentaires d’équivalent pétrole seront produits d’ici 2030. Cette quantité équivaut à près de deux ans d’émissions de l’Union européenne, soit près de 8 gigatonnes d’équivalent CO2.

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Seul un quart des projets pétroliers et gaziers en cours profitent à l’Afrique

En outre, la majorité des oléoducs et des gazoducs prévus sur le continent sont destinés à l’Europe ou à l’Asie. Selon le rapport, sur plus de 20 000 km de pipelines en construction, seul un quart est partiellement destiné à l’Afrique. Or, sur le continent, plus de 600 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité. Pour Amos Wemanya, du groupe de réflexion Power Shift Africa, « Ces projets de plusieurs milliards de dollars conduisent les pays africains à s’endetter davantage et les détournent d’une transition vers les énergies renouvelables. C’est mauvais pour le climat comme pour le développement de l’Afrique ».

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TotalEnergies, le plus grand développeur de projets d’énergie fossile sur le continent

Le rapport identifie la société française TotalEnergies comme le plus grand développeur de projets pétroliers et gaziers sur le continent. L’entreprise est présente dans 15 pays. Elle est responsable de plus de 14 % de l’expansion pétrolière et gazière à court terme sur le continent. La société prévoit d’ajouter 2,27 milliards de barils d’équivalent pétrole à son portefeuille de production dans les pays africains. Elle développe actuellement un oléoduc de 1440 km entre l’Ouganda et la Tanzanie : l’East African Crude Oil Pipeline (EACOP).

Outre TotalEnergies, le rapport identifie plusieurs entreprises qui ont dépensé plus de 100 millions $ en exploration entre 2020 et 2022. Il s’agit notamment de ENI, BP, APA Corporation, Edison E&P, Shell, ExxonMobil, Sunlink, Qatar Energy et Sonatrach. Ces entreprises financent des projets en Algérie, en Égypte, au Nigeria, en Namibie, en Angola et au Mozambique. Cependant, la majorité de ces entreprises affirment poursuivre un objectif de neutralité carbone d’ici 2050. « Elles prétendent s’aligner sur l’accord de Paris pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C, mais c’est un monde à 3 °C de plus qu’elles financent », dénonce le rapport.

Des projets soutenus par des investisseurs internationaux

Par ailleurs, ces projets d’énergies fossiles sont soutenus par des banques, des assureurs et des investisseurs occidentaux. « En juillet, 5 000 investisseurs institutionnels détenaient des actions ou des obligations dans des entreprises développant de nouveaux projets fossiles en Afrique. Les 23 premiers détenaient à eux seuls 50 % de ce portefeuille », rapporte Le Monde. Or, des études récentes montrent qu’il faudrait cesser d’investir dans de nouveaux projets d’énergie fossile pour limiter le réchauffement à moins de 1,5 °C.

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