RDC : une fuite des documents bancaires accuse les alliés de l’ex-président Joseph Kabila de fraudes

0
740
Henri Thulliez, le directeur de la la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF)

Près de 3,5 millions de documents financiers de la BGFI Bank ont été dévoilés publiquement, dans le cadre d’une enquête. Cette dernière révèle que la structure a été utilisée pour détourner au moins 138 millions $. Les principaux suspects sont la famille et les associés de l’ex-président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila.

L’enquête, intitulée Congo Hold-up, explique comment des fonds publics ont transité par la BGFI, à destination d’entreprises appartenant aux parents et alliés de Joseph Kabila. Elle s’appuie sur 3,5 millions de documents obtenus par la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF), et le groupe de presse français Mediapart. Un consortium coordonné par le réseau European Investigative Collaborations a passé plus de six mois à analyser les informations.

« Congo Hold-up est la plus grande fuite de données sensibles de l’histoire de l’Afrique. Elle expose en détail les astuces utilisées par la banque et ses clients pour dissimuler la corruption endémique, et les failles du système bancaire international, permettant de telles transactions. Les transactions bancaires, les e-mails et les dossiers d’entreprise forment un manuel parfait sur le fonctionnement d’une kleptocratie », a déclaré Henri Thulliez, le directeur de la PPLAAF, cité par Bloomberg.

Lire aussi : RDC : Gécamines obtient 75 millions de dollars pour construire une nouvelle usine

La famille et les alliés de Kabila parmi les principaux responsables

Congo Hold-up pointe plusieurs membres de la famille de l’ancien président congolais, ainsi que certains de ces associés. Ces derniers auraient réussi à soutirer 138 millions $ des caisses de l’État. Selon le média Bloomberg, 20 millions $ de ce montant proviennent de la société minière nationale Gécamines. En outre, 72 millions $ supplémentaires, versés à ces mêmes entités, ont transité par le compte de BGFI Bank à la banque centrale. L’origine de ces transactions reste à déterminer. Pour l’instant, aucune déclaration officielle n’a été faite par la Banque quant à ces allégations. 

Rappelons que la BGFI, basée au Gabon, possède des succursales dans 10 pays africains et en France. Elle a ouvert une filiale à Kinshasa, en 2010, dont un membre de la famille Kabila, Gloria Mteyu, a acquis 40 % des parts. Selemani Francis Mtwale, un proche du président avait été nommé à l’époque pour diriger l’établissement.

Lire aussi : Niger : une enquête révèle des attributions douteuses de permis miniers à des sociétés russes