La probabilité des inondations meurtrières en Afrique de l’Ouest a été multipliée par 80 à cause du réchauffement climatique

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Les inondations causées par les pluies au Bénin, au Niger et au Nigeria empireront dans les prochaines décennies, selon une nouvelle étude.

La période des grandes saisons de pluies est devenue plus longue que d’habitude. Les courtes saisons, généralement intenses en averses et responsables des inondations, ont 2 fois plus de chances de survenir dans la région qu’auparavant. Selon les experts, les catastrophes connues cette année dans cette zone vont empirer au fil du temps.

Les chercheurs du groupe World Weather Attribution ont publié hier mercredi une nouvelle analyse évaluant l’impact du changement climatique sur les phénomènes météorologiques extrêmes. En Afrique de l’Ouest, l’étude a porté sur la cause de l’amplification des inondations enregistrées ces derniers mois.

Selon les experts, les catastrophes subies par les populations de cette région en 2022 ont été causées par le « changement climatique anthropique ». Autrement dit, rien de ce qui s’est passé dans la zone ne serait arrivé si l’activité humaine n’avait pas entraîné l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère.

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Des dérèglements météorologiques historiques…

L’analyse révèle que les inondations dévastatrices de ces derniers mois en Afrique de l’Ouest ont été rendues 80 fois plus probables par le changement climatique anthropique. La saison des pluies a été 20% plus humide que d’habitude.

La grande saison est désormais plus longue qu’auparavant et il y a 1 chance sur 10 qu’il en soit ainsi chaque année dans la région. La petite saison, qui est généralement plus intense en averses et qui a potentiellement plus de chances d’entraîner des inondations, a été rendue deux fois plus probable dans le bassin inférieur du Niger.

Lire aussi : Bénin : 919.000 personnes menacées par les inondations dans les vallées de l’Ouémé et du Niger

D’importants dégâts humains et matériels…

Des voitures presque entièrement submergées…

Les dérèglements météorologiques touchent surtout les pays comme le Nigeria, le Niger et le Bénin. « Les inondations ont entraîné des souffrances et des dégâts massifs, en particulier dans un contexte de grande vulnérabilité » a déploré Maarten van Aalst, l’un des auteurs de l’analyse, cité par le Washington Post. Au Nigeria, les inondations causées par les pluies ont tué 612 personnes et blessé 2776 autres. Plus de 120 000 maisons ont été dévastées et 392 399 hectares de terres agricoles ont été ravagées. 1,5 million de Nigérians ont été contraints au déplacement à cause du phénomène.

Au Niger, les inondations causées par la saison des pluies de juin à septembre 2022 ont entraîné la mort d’environ 200 personnes. 200 autres ont été blessées et 263 000 Nigériens sont devenus sinistrés. 30 000 maisons, 83 salles de classe, 232 greniers à céréales et 6 centres de santé ont été dévastés. La cellule interinstitutionnelle de prévision et d’alerte du système d’alerte précoce du Bénin indiquait en août dernier que 919 000 habitants étaient menacés par les inondations dans les vallées de l’Ouémé et du Niger.

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Le pire reste à venir

L’analyse du groupe World Weather Attribution indique que l’Afrique de l’Ouest connaitra encore de telles inondations avec une fréquence plus accrue dans les prochaines décennies. Les communautés déjà vulnérables aux effets du changement climatique le seront encore plus. Les dérèglements météorologiques empireront aussi longtemps que les températures globales se réchaufferont.

Les pays riches, principaux émetteurs de GES et premiers responsables du changement climatique, sont invités à soutenir financièrement l’adaptation climatique en Afrique de l’Ouest. « Il n’est que juste que nous considérions ce défi comme faisant partie de la responsabilité mondiale de faire face à la crise climatique, a indiqué van Aalst. Nous devons tous réduire les émissions pour éviter que les risques ne deviennent plus incontrôlables. Nous devons également investir beaucoup plus dans l’adaptation pour réduire la vulnérabilité aux aléas croissants ».

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Fidèle DJIMADJA