Ghana : La restructuration de la dette affecterait le secteur bancaire local (Fitch)

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La restructuration de la dette du Ghana en monnaie locale représente une menace pour le secteur bancaire local.

La situation économique du Ghana se détériore face à la dette du pays. En juillet dernier, le gouvernement a sollicité le Fonds monétaire international (FMI) pour un nouveau programme d’aide. Toutefois, l’agence de notation Fitch estime que cet accord affecterait le secteur bancaire local.

Selon Mahin Dissanayake, directeur principal de l’agence de notation Fitch, toute forme de restructuration de la dette intérieure du Ghana pourrait gravement impacter le secteur bancaire local. Pour lui, le défaut de paiement de la dette souveraine reste « une réelle possibilité » pour le pays, rapporte Reuters. Mahin Dissanayake fait cette déclaration alors que le pays devrait engager, dès la semaine prochaine, des négociations avec le FMI pour un nouveau programme d’aide.

Le défaut de paiement serait-il préférable à une restructuration de la dette ?

Le gouvernement ghanéen travaille actuellement à ralentir l’inflation, réduire la dette publique et réévaluer la monnaie locale. Cependant, Fitch soutient que le pays devrait se retrouver en défaut de paiement de la dette. Selon l’agence, la restructuration de la dette intérieure affecterait le secteur bancaire local. « Les banques ghanéennes détiennent de gros volumes de titres publics, donc le surendettement va mettre beaucoup de pression sur les banques » a déclaré, Mahin Dissanayake. « L’environnement opérationnel semble très fragile », a-t-il ajouté.

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Les Banques locales et les détenteurs des titres d’État menacés

Par ailleurs, l’accord en cours entre le FMI et le Ghana causerait probablement des problèmes importants aux banques locales. Cet accord devrait permettre de restructurer la dette en monnaie locale. Les données officielles montrent que l’encours de la dette du pays a plus que doublé depuis 2015, passant de 54,2 % du PIB, à 76,6 % à fin 2021. De plus, les paiements d’intérêts représentent la plus grande dépense annuelle du gouvernement depuis 2019. Ces paiements ont été la deuxième plus grande dépense du Ghana pendant cinq années consécutives, selon le ministère des Finances. La dette intérieure représente plus de 80 % de ces dépenses, indique Reuters.

Outre les banque locale, Fitch estime que la restructuration de la dette impacterait les compagnies d’assurance, les fonds de pension, les gestionnaires d’actifs et toute personne qui détient des titres d’État.

La dette augmente en raison des grands projets d’infrastructures

En avril dernier, le vice-président du Ghana, Dr Mahamudu Bawumia a indiqué que l’augmentation de la dette du pays est due aux grands projets d’infrastructures. En effet, depuis 2017, tous les grands projets d’infrastructures mis en œuvre par le gouvernement ont été financés par des prêts, rapporte Africa24. Les projets dans les secteurs de la santé, des routes, des transports et de l’éducation ont considérablement augmenté la dette. Ces derniers ont contribué à l’augmentation de la dette du pays d’environ 55,6 % du PIB en 2016 à 80,1% du PIB en 2021, soit 34,5 milliards $.

Au premier trimestre 2022, le Ghana était confronté à un déficit global de la balance des paiements de 934,5 millions $, contre 429,9 à la même période de l’année dernière. Même si Fitch estime que le recours au FMI affectera les banques locales, les analyses soutiennent que cet accord aiderait le Ghana à relever ses défis.

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