À Bentiu, au Soudan du Sud, les inondations ont englouti cultures, troupeaux, et forêts. Mais dans cette crise, une plante envahissante offre une lueur d’espoir aux femmes déplacées. Transformant la jacinthe d’eau en une alternative écologique au bois, elles façonnent des « briquettes » de charbon vert, créant ainsi une source de revenus et d’autonomie.
Au Soudan du Sud, la crise des inondations transforme une menace en opportunité. À Bentiu, une ville devenue une île, les femmes déplacées s’arment de seaux pour récolter une plante envahissante : la jacinthe d’eau. Qualifiée par l’ONU de la « plus mauvaise herbe aquatique au monde », cette plante a colonisé tous les espaces en raison des inondations qui ont tout englouti, laissant derrière elles des terres stériles et des arbres morts. Mais dans ce chaos, une solution émerge.
Des jacinthes transformées en « briquettes » de charbon vert
Les femmes récoltent ces plantes mauves dans une mare adjacente à leur camp de déplacés. Transformées en combustible, ces jacinthes deviennent des « briquettes » de charbon vert, une alternative abordable et respectueuse de l’environnement. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a introduit cette initiative en 2022, avec un double objectif : fournir un combustible bon marché aux communautés vulnérables et lutter contre la prolifération de la redoutable jacinthe d’eau.
Jamal Francis Katende, chef de projet au sein du PAM, souligne l’avantage des « briquettes ». D’après lui, elles ne dégagent aucune fumée et brûlent plus longtemps que les combustibles traditionnels. Un avantage crucial dans une région où les arbres sont devenus rares, victimes des inondations incessantes.
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L’initiative reçoit le soutien du PAM
Pour les femmes de Bentiu, cette initiative représente une opportunité inespérée. Nyanhial Luoy, mère de dix enfants, explique que les arbres étant tous morts à cause des inondations, la recherche de bois était devenue une tâche ardue. Maintenant, elle peut contribuer à la fabrication du charbon vert, assurant ainsi un revenu pour sa famille.
Lancé en juin avec 150 femmes, le projet pilote du PAM a rencontré un succès tel qu’il vise désormais à former 2 000 femmes supplémentaires à Bentiu et 5 000 au total dans l’État voisin du Haut-Nil. L’organisation envisage également de soutenir la commercialisation du combustible et la fabrication de canoës pour faciliter la collecte de végétaux.
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Des réchauds en argile pour optimiser l’utilisation du nouveau combustible
Face à l’insécurité alimentaire croissante, certaines femmes apprennent à fabriquer des réchauds en argile pour maximiser l’utilisation du nouveau combustible. Martha Nyayieya, veuve de 42 ans et mère de sept enfants, voit cette initiative comme une opportunité de gagner sa vie de manière indépendante. Elle dépendrait plus ainsi des aléas de l’aide humanitaire.
Malgré ces efforts, la ville de Bentiu accueille plus de 200 000 déplacés, résultat de conflits et d’inondations. La crise humanitaire au Soudan du Sud atteint son paroxysme, avec 76 % de la population nécessitant une assistance, mais seulement 54 % des fonds nécessaires sont actuellement alloués. En dépit de ces défis, le charbon vert devient une lueur d’espoir dans l’obscurité de la crise.
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Au Bénin, une initiative similaire s’enracine
Cette initiative de Bentiu trouve un écho au Bénin, où Green Keep Africa, entreprise pionnière en matière de solutions écoresponsables, a été créée en 2014 par David Gnonlonfoun et Fohla Mouftaou. Spécialisée dans le développement de solutions écoresponsables pour le contrôle de la pollution industrielle, l’entreprise a mis au point le premier absorbant fabriqué en Afrique : le Gksorb. Il s’agit d’une fibre absorbante naturelle conçue à base de jacinthe d’eau, un hyperabsorbant destiné aux professionnels pour maîtriser les fuites de produits polluants.
La connexion entre l’initiative de Bentiu au Soudan du Sud et celle de Green Keep Africa illustre la capacité à adapter et mettre en œuvre avec succès des solutions similaires. Ces approches, fondées sur une utilisation judicieuse de ressources naturelles telles que la jacinthe d’eau, peuvent répondre efficacement aux défis environnementaux spécifiques dans divers contextes africains.
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