Les blocs d’exploration pétrolière chevauchent actuellement 30 % des forêts tropicales d’Afrique. Cette proportion pourrait augmenter dans les prochaines années avec la mise en œuvre de plusieurs projets d’exploration.
La superficie des terres allouées aux activités pétrolières et gazières en Afrique devrait quadrupler, menaçant les forêts essentielles qui aident à lutter contre le changement climatique. L’alerte a été lancée dans un rapport publié jeudi par Rainforest Foundation UK et Earth InSight.
Les deux organisations environnementales se sont appuyées sur des données cartographiques pour montrer que les blocs de gaz et de pétrole chevauchent environ 30 % des forêts tropicales denses du continent. Plus d’un tiers se situent dans le bassin du Congo, la deuxième plus grande forêt tropicale du monde après l’Amazonie.
« Ce rapport met à nu la menace que représente l’expansion du pétrole et du gaz pour la forêt du Bassin du Congo et ses millions d’habitants, les moins responsables de la crise climatique », a déclaré Joe Eisen, directeur exécutif de Rainforest Foundation UK.
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Un piège à carbone indispensable
Six nations se partagent le bassin du Congo, que les scientifiques reconnaissent comme un puits de carbone essentiel. Ses tourbières absorbent à elles seules environ 29 milliards de tonnes de carbone, soit l’équivalent d’environ trois années d’émissions mondiales de dioxyde de carbone.
Comparée à l’Amazonie, la forêt tropicale est relativement intacte. Cela risque de ne pas durer longtemps, en raison des nombreux projets d’exploration pétrolière envisagés. La République démocratique du Congo, qui représente environ 60 % du bassin, a lancé en juillet un appel d’offres pour 30 permis pétroliers et gaziers, dont plusieurs chevauchent le bassin. Le Congo, l’un des pays les plus pauvres du monde, a défendu son droit d’explorer le pétrole et de développer son économie.
Selon Rainforest Foundation UK et Earth InSight, il reste encore beaucoup à faire pour arrêter la saignée. Les nations riches doivent « augmenter le soutien financier pour la protection des forêts et des tourbières et à étendre le soutien direct aux organisations de la société civile congolaise, aux peuples autochtones et aux autres communautés locales en première ligne de la déforestation tropicale afin qu’ils puissent contrôler leur propre développement ».
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