Le groupe de réflexion cherche à protéger les pays africains de la hausse des taux d’intérêt sur le marché des capitaux. Il les aidera également à restructurer leurs dettes dans les meilleures conditions.
Le Finance for Development Lab, un think tank basé à Paris, cherche à mobiliser un financement de 50 milliards $ au profit de l’Afrique. Ces fonds permettront de protéger les pays du continent contre le défaut de paiement qui les guette à l’horizon. Le groupe de réflexion mettra en place un mécanisme pour fournir des garanties de paiement d’intérêts aux investisseurs intervenant sur le marché des capitaux. L’idée étant d’obtenir de meilleurs prix pour les obligations levées par les pays africains.
Le laboratoire parisien aidera également ces derniers à restructurer leurs dettes, en accord avec leurs créanciers. Il pourrait, en outre, renforcer la capacité des importateurs africains de matières premières à se prémunir contre la fluctuation des prix. « Ce type de mécanisme serait nécessaire pour rétablir l’accès des pays africains au marché des capitaux. Il y aura beaucoup de restructurations dans les années à venir » a déclaré Daniel Cohen, président du Finance for Development Lab.
Une initiative soutenue par la Fondation Gates
Le projet lancé par le think tank parisien est appuyé par la Fondation Bill & Melinda Gates. Celle-ci a déjà contribué à l’initiative à hauteur de 2,6 millions $. Le groupe de réflexion compte rallier d’autres think tanks d’envergure à la cause. Les politiques publiques seront aussi sollicitées pour soutenir le projet. Leur contribution pourrait être des droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international (FMI).
Finance for Development Lab prévoit également d’intégrer la Chine à l’initiative. « Nous pensons à un groupe parallèle d’universitaires chinois qui réfléchiront sur le rôle que devrait jouer Pékin, principal créancier de l’Afrique » a indiqué Cohen.
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L’Afrique de plus en plus écartée du marché des capitaux
La crise de Covid-19, dès ses débuts, a eu pour effet de faire chuter les taux d’intérêt sur le marché mondial des capitaux. Cela a entraîné une ruée des pays africains qui se sont alors précipités pour lever des obligations. Les conséquences économiques de la pandémie, notamment l’inflation qui est actuellement nourrie par les effets de la guerre en Ukraine, ont cependant provoqué une hausse des risques de surendettement et de défaut de paiement au niveau des pays les moins avancés. Ayant anticipé le phénomène, les investisseurs internationaux se sont vite mis à exiger des primes de risque élevées aux États à revenu faible ou intermédiaire.
Cette mesure de sécurité a entrainé la hausse des taux d’intérêt et la baisse de la valeur des obligations africaines. En janvier dernier par exemple, les prix des obligations ghanéennes ont chuté de 10% en 10 jours. Aujourd’hui, rapporte Bloomberg, les taux des obligations souveraines africaines en dollar US sont moyennement supérieurs de 1% à ceux des appliqués aux autres pays. Ces rendements montent jusqu’à 3% lorsqu’il s’agit des États tels que l’Éthiopie et la Zambie qui est actuellement en défaut de paiement. Sans aide, ces pays dépendront uniquement des subventions et des banques multilatérales de développement pour obtenir des financements, prévient Daniel Cohen.
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